"Le détail et l'ornement" - l'exposition

1 DSAA Design produit

 

En septembre dernier, 13 étudiants en design produit de l’ESDMAA sont venus pour vivre une expérience coutelière au coeur du bassin Thiernois.
Durant une semaine, ils ont pu découvrir ce savoir-faire local et affûter leur regard sur les pièces exposées au Musée de la coutellerie, à la recherche d’un détail et d’un ornement à explorer.
Laissant passer l’hiver, ils reviennent de nouveau dans la capitale du couteau pour exposer leurs créations aux détails et aux ornements tranchants.
De leurs propres mains et de celles de couteliers Thiernois engagés sont nées 13 lames qui sauront aiguiser votre regard.

 
 

SOLEN/  Alexia Berthon
De la nacre traditionnellement appliquée sur les manches est née l’idée d’un couteau inspiré du mollusque éponyme. À la manière de ce bivalve, le corps se compose de deux côtes symétriques reliées par une fine membrane charnière. Une lame indépendante est à placer entre les deux coquilles, tranchant vers l’intérieur pour une position fermée et tranchant vers l’extérieur pour une position ouverte du couteau.

FACES/  Romain Foissard
Ce “Thiers” droit est un couteau qui coupe, certes! Mais c’est surtout un couteau manifeste qui dépeint la coutellerie Thiernoise d’aujourd’hui à travers toute l’ambivalence qu’elle suscite. Entre tradition et modernité, artisanat et industrie, espoir et décrépitude, seule la Durolle continue de déverser son tumulte incessant, aveuglément.
“Thiers se meurt. Vive Thiers!”

FIGURES/  David Bijon
Figures est un duo de couteaux de table qui rend hommage à la première industrie du bassin Thiernois : celle de la carte à jouer. Les deux lames s’agencent “tête-bêche” et reprennent tous les attributs d’une paire de figures royales. Le roi et la reine trônent sur une face. De l’autre, un motif ornemental apparaît. Entre la lame et le manche, une séparation franche et diagonale joue le jeu du miroir.

RÉVÉLATION/  Lucille Lamirand
Que révèle un “Thiers” lorsque sa peau devient transparente? C’est la question que pose le projet Révélation. Plus de matière noble, plus de décor, plus de manière. Seule la mécanique de l’objet, gage d’une fonctionnalité exacerbée et d’un montage parfait de la part du coutelier, persiste tel un ornement essentiel. Le métal peut alors se révéler et revêtir ses plus belles couleurs irisées.

HEPTOLAME/  Lucile Girard
Heptolame, projet d’inspiration surréaliste, oscille entre l’arme blanche et l’objet ornemental. Tel un manifeste, il questionne le statut du couteau : Elément de collection? Ustensile fonctionel? Accessoire rituel?... Tel un objet mystique à sept lames, Heptolame est un couteau à couper le vent.

PLEINE FLEUR/  Louis Rose
Un cuir “pleine fleur” a conservé toute l’épaisseur de sa couche principale. Un couteau « plein manche » est un couteau sans mitre. Le couteau et son étui entretiennent un lien particulièrement étroit. Pleine Fleur les unit en un unique objet précieux où se mêlent le luxe de la maroquinerie et la précision de la coutellerie.

KAMISORI/  Fabio Del Campo
Dans la grande famille des couteaux, le coupe-choux est le seul outil qui se tient directement par la lame. Habituellement caractérisé par le décor appliqué sur la chasse, le projet s’affranchit de cet élément pour utiliser la lame, élément essentiel, comme support d’un ornement sobre et ergonomique. Kamisori, nom du rasoir traditionnel japonais, répond ainsi aux codes et préceptes de l’art nippon.

L’ORNÉ  /  Mélissa Manni
L’ornement est en perpétuel changement. Il mute, se transforme, évolue dans le temps d’un style à un autre. De l’ornement baroque de la cour du roi à celui plus minimaliste des tables d’aujourd’hui, le projet marque l’épure décorative qui s’observe dans les arts de la table. Cette notion de variation est traitée par le biais d’un service composé de six couteaux uniques, chacun témoin d’un instantané de cette migration.

ARCHEO/  Emma Laurency
Archeo est une gamme de couteaux qui propose d’utiliser le processus d’altération des matériaux comme principe d’ornement. Il s’agit d’accélérer les mécanismes naturels de vieillissement.
Ainsi par des traitements thermiques et chimiques successifs, le métal de la lame comme le bois ou la corne du manche réagissent et révèlent leurs qualités comme leurs défauts. Il en résulte une gamme aux allures primitives.

LES MITRES/  Thomas Balestan
Le Vendetta, modèle imposteur, est un produit touristique implanté sur l’île de beauté par les Thiernois et dont la mitre caractéristique reprend la forme du stylet Corse traditionnel.
Tel une mise en abîme, ce projet poursuit la demarche initiée par les couteliers Thiernois en se jouant à nouveau de l’identité de ce modèle fondée sur celle d’un autre. En ressort un set de couteaux de cuisine agrémentés de mitres qui n’en sont pas réellement.

STRAT.AGÈME /  Noémie Poureau
Une lame, puis deux platines, puis deux côtes. Un couteau est un curieux empilement de couches successives de matières. En poussant cette logique un peu plus loin, cela pourrait devenir la base d’un ornement stratifié où lame et manche se confondraient dans une suite de courbes de niveaux ondoyantes, dans une alternance de colorations métalliques, dans un dénivelé doux à la main.

T-34/  Guilhem de Villoutreys
Ce projet part d’un questionnement sur le concept d’ornement minimal et de son impact sur l’image du couteau. Prenons un “Thiers”, identifiable par sa silhouette aux courbes déposées. Quel ornement pourrait se jouer de ce modèle jusqu’à en faire disparaître le contour? Tel un camouflage disruptif, un motif de rayures à orientations variées selon la lame, la mitre et le manche, suffit à rendre ce couteau “indétectable”.

LES PRÉCIEUSES /  Marie Le Ménes
Le couteau dit “à la berge” est marqué par son raffinement jusqu’au bout de ses deux lames aux usages complémentaires. Très en vogue chez ces dames de compagnie, cet accessoire de la cour a inspiré Les Précieuses : un couteau féminin à lame unique mais à double tranchant. Celle-ci aussi affûtée que polie, permettrait de se voir en coupant et peut- être d’observer pour mieux trancher.