Le jouet, devient naissant dans la main d’un enfant dès lorsqu’il cherche à s’occuper. Il prend ce qu’il trouve autour de lui ; un bâton, une feuille de papier, un disque rayé et que sais-je encore, et commence à jouer. Or, depuis de nombreuses années, les industriels ont fait évoluer le jouet et l’ont rendu petit à petit objet consommable.
La durée de vie de cette typologie d’objet reste le même, dès que l’enfant se lasse, il passe au suivant, mais ici en impliquant davantage de coûts ; production de masses, utilisation de matière non recyclable ...
Que voyons nous dans un rayon de magasin de jouets ? Une infinité de boîtes, qui se ressemblent en grande majori-té, renfermant toute en elle le rêve certain d’un enfant : celui de pouvoir jouer. Ces boîtes, ces étalages, et même ses rayons rendent alors le jouet quasi inaccessible, comme s'il fallait avoir pour pouvoir. Les industriels ont su transformer quelque chose d’inné en quelque chose de désirable.

Dans mon projet, j’ai alors souhaité que l’enfant réapprenne de lui-même à transformer son quotidien en jouet, comme il pouvait le faire autrefois. Se servir de ce qui l’entoure pour appuyer son jeu.
Lui donner les clefs pour qu’il comprenne qu’il est le mieux placé à pouvoir créer ce qu’il désire et de pouvoir jouer avec, a été le moteur de mon projet. Faire redevenir l’enfant le principal acteur de cette production, et par ce biais lui permettre d’appréhender des techniques de recyclage et de réemploi à son échelle, et en partie avec ses propres moyens.
Tel un pas de côté face à cette production monstrueusement industrielle, ici, l’enfant créera des pièces uniques. Ce projet, pensé comme un événement ponctuel dans la vie de l’enfant, se décompose en deux ateliers ;
Le premier, accompagné par les savoirs et ressources techniques d’un fab manager, est la démonstration d’une production semi-industrielle de manière accessible : transformer une bouteille plastique PET en un objet poupée. Et ainsi, montrer et expliquer, la transformation d’une bouteille plastique en filament imprimable, qui deviendra la matière première. Puis, la transformation de ce filament en objet quasi finis : les membres d’une poupée.
Chaque membre sera alors des pièces uniques variable selon la typologie de la bouteille utilisée. Offrant, une fois assemblée, une poupée atypique et hors du commun crée à partir de la ressource apportée par l’enfant. Dans le second atelier, l’enfant se retrouvera devant une montagne d’objets, semblable à un rayonnage de jouet, mais cette fois-ci, ces objets seront usés, démantelés, cassés. Ces objets, qu’on appelle communément déchets, deviendront la matière première d’un vaste univers infini de possibilité de création. Cette ressource deviendra terrain de jeu de construction de jouets. Le but ici est d’assembler ces rebus ménagers grâce à des outils simples (colle, élastique, agrafe, ficelle, ...) et de les transformer en jouets. Cette activité permettra à l’enfant de comprendre qu’à son échelle, il peut exploiter le potentiel formel et esthétique des déchets, mais également de prendre conscience de sa capacité de création, et que lui aussi est capable de recycler à sa manière et d’inventer son propre jouet.

Polytropos, c’est alors un nouveau mode de conception où l’on produit des jouets de manière consciente, responsable, mais également à moindre coût. Celui-ci prend sens lorsque le joueur devient concepteur.