Le Territoire des Vallées du Chamarron, situé au cœur de l’Allier, dans le Bocage Bourbonnais, est encerclé par les villages de Saint-Menoux et Bourbon L’Archambault. La particularité de celui-ci réside dans la volonté de ses six pôles anticonformistes - Le Foyer Michaël, La Ferme des Béguets, La Ferme de la Mhotte, L’Ecole Steiner, Acoeurs et enfin La Caille - à ne faire plus qu’un. 280 personnes vivent sur les lieux et amènent de nombreuses activités comme le maraîchage, les activités artistiques et les formations sensibles autour du vivant. Ainsi, l’Association du Territoire unit ces lieux pour partager des valeurs communes culturelles, économiques, écologiques et juridiques.

Plusieurs festivités permettent de fortifier les liens entre ces habitants. Parmi les lieux de célébration, nous retrouvons la Grange, à la Ferme de la Mhotte. C’est elle qui accompagne les habitants dans leurs grandes étapes de vie. Dans cette bâtisse, tous se réunissent pour assister aux spectacles et aux concerts des artistes régionaux. Avec le temps, elle est devenue un emblème de la culture en milieu rural. Les habitants imaginent d’installer dans la Grange un gymnase, des banquets, une école de musique, une salle d’exposition. Toutefois, l’édifice propose un espace peu aménagé aux activités souhaitées. Le défi de la restauration se pose donc pour répondre à ces nouveaux usages.

Depuis janvier 2023, l’Association des Vallées du Chamarron s’engage à rénover la Grange, qui se dégrade, en invitant les habitants, acteurs locaux et villages alentours à participer au chantier. L’Association lance alors le Festival de la Terre qui permettra de restaurer l’édifice, grâce à des ateliers autour de l’argile, et de développer une nouvelle cohésion sociale dans la région. Cette Grange, en pleine mutation, doit se rénover grâce à la force des habitants mais aussi grâce à l’usage de matériaux peu chers et à portée de main. Elle transmet par ce biais les valeurs propres aux Vallées du Chamarron : faire avec son environnement, coopérer pour construire une résilience commune, partager les ressources, et enfin célébrer les instants de vie.

Alors, comment permettre aux acteurs de modeler par eux-mêmes la structure interne de la Grange ? En tant que designer, quels dispositifs peut-on proposer pour révéler le potentiel scénique et culturel de ce lieu ?

En choisissant de cristalliser la Grange en salle de spectacle, j’ai été amenée à réinterpréter l’aménagement intérieur en suivant les codes des salles de théâtre. La diversité des représentations implique que les modules - la scène, les assises, la régie - soient mobiles, naviguant dans la salle et en dehors. Le mobilier peut prôner un savoir-vivre économique et sobre à l’image du territoire. Son mobilier se construit avec du bois récupéré de meubles anciens trouvés en brocante, minimisant ainsi les coûts de matière et de production. Ainsi, par sa forme changeante et ses meubles recomposés, la Grange fait un éloge de l’aléatoire, de l’inconstance.